domingo, 25 de setembro de 2011
Magie maya au quai Branly
Magie maya au quai Branly
Au musée du Quai-Branly, 160 pièces des collections nationales du Guatemala éclairent d’un jour nouveau l’histoire de cette civilisation. A découvrir jusqu'au 2 octobre.
photos: cc Ilhuicamina
texte: VINCENT NOCE
Au Quai-Branly, deux jumeaux de la mythologie maya, entourés du dieu de la pluie et de monstres cosmiques, sont portés par les flots. D’un tourbillon surgit la tête de leur père décapité, vomissant une vague de sang. Ces images modelées en stuc ont été extraites de la jungle, il y a trois ans à peine, au nord du Guatemala, où se joue en ce moment la plus excitante exploration des Amériques. Exceptionnellement, le musée national a prêté à son homologue parisien 160 pièces pour évoquer deux mille années d’une histoire qui doit désormais être sérieusement révisée à la lumière de ces découvertes.
Ainsi, relate l’archéologue américain Richard Hansen, cette frise confirme-t-elle une légende rapportée par les missionnaires espagnols un millénaire et demi plus tard, mais dont l’authenticité a été sérieusement mise en doute. «Longtemps, les Mayas de l’époque étaient pratiquement assimilés à une population primitive de chasseurs-cueilleurs. Aujourd’hui, nous mettons au jour les cités les plus vastes jamais vues sur le continent américain !» s’exclame Richard Hansen, de passage à Paris pour l’exposition.
Responsable de cette région limitrophe du Mexique, il a conduit les fouilles de 51 cités, dont le site de Mirador, capable de rivaliser avec celui, déjà mieux connu, de Tikal. Richard Hansen ne manque pas d’enthousiasme : il en a besoin pour vivre dans ce bassin isolé, au milieu des moustiques, des tarentules et des serpents, pour lesquels il dit avoir le plus grand respect. La nuit, dans les ruines, les caméras accrochent le regard des jaguars, que les Mayas vénéraient comme une divinité.
Pyramides. Ayant survécu de justesse à l’explosion d’un petit avion qui s’est écrasé dans la forêt tropicale, Hansen a trouvé une formule quand on le compare à Indiana Jones : «J’ai une vie beaucoup plus excitante, puisque lui arrive toujours à sauter avant le crash.» Il est plus proche de Mel Gibson, auquel il a servi de conseiller technique pour le tournage d’Apocalypto. Il avait attrapé le virus quand, étudiant en stage au sein du complexe de Mirador, il a trouvé dans un temple des poteries «préclassiques», qui faisaient remonter sa datation d’un millier d’années en arrière. «A la fin de cette période préclassique [soit de 350 avant JC à 250 après JC, ndlr], les Mayas édifiaient des pyramides de 40 à 72 mètres de haut, les monuments les plus élevés jamais découverts sur le continent américain.»
Ils ont bâti des plateformes, qui nécessitaient l’extraction de millions de mètres cubes de remblai. Les archéologues ont exhumé une stèle taillée dans une dalle de grès rose de plus de six tonnes, qui avait été transportée sur une distance relativement longue. Une monumentalité dont l’expo parvient difficilement à rendre compte… Pour Richard Hansen, les Mayas seraient même les inventeurs de l’autoroute, ayant dressé un réseau de voies qui pouvaient dépasser les 40 mètres de large, sur des chaussées de 4 mètres de haut, favorisant les échanges à travers l’isthme méso-américain.
Une ville comme Mirador aurait pucompter jusqu’à 200 000 habitants. «Tout ceci supposait une société extrêmement complexe et hiérarchisée, qui n’a rien à voir avec l’image qu’on en avait jusqu’à maintenant.» Il n’y avait pas, pour autant, d’«empire maya», mais plutôt une constellation de cités et de petits royaumes qui se faisaient la guerre ou nouaient des alliances selon les périodes, ou même disparaissaient brutalement sans qu’on sache bien pourquoi, se partageant une aire couvrant plusieurs pays d’Amérique centrale. Même provenant du seul Guatemala, les sculptures du Quai-Branly témoignent de la richesse de cette société, des armes aux instruments de musique, des terres cuites aux sculptures, taillées dans des pierres extrêmement dures qui prenaient une résonance symbolique.
Calendrier. Ainsi de ce plat en jade, qui arbore des supports en forme de seins. Ou de ce couteau particulièrement ouvragé en silex, orné d’un profil de jaguar, qui a dû demander une quarantaine d’années de travail. Les décors, dans lesquels les animaux et le maïs sont omniprésents, montrent le raffinement atteint à cette période, même si certaines figures sont assez effrayantes, comme ce fantôme cadavérique en nacre ou les têtes monstrueuses qui surmontent les statues.
Les Mayas ont encore aujourd’hui gardé une culture vivante, mais cette civilisation antique s’est effondrée à la fin du premier millénaire pour des motifs encore mal éclaircis. Peut-être victime de sa propre férocité, envers les hommes aussi bien que la nature.
En même temps, les Mayas composent un des très rares peuples à avoir inventé ex nihilo une langue écrite, tout en établissant des modèles mathématiques et cosmogoniques complexes. Et, en effet, le 21 décembre 2012 correspond au terme d’un grand cycle dans leur calendrier. Mais Richard Hansen n’a pas encore trouvé l’inscription annonçant la fin du monde pour cette date.
S’il y a du nouveau, on vous préviendra.
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