quinta-feira, 16 de janeiro de 2014

L'ONU craint un génocide en République centrafricaine

Tous les éléments sont réunis pour qu'il y ait un génocide en République centrafricaine (RCA), a averti jeudi 16 janvier le chef des opérations humanitaires de l'ONU, John Ging, lors d'une conférence de presse à Genève, après avoir passé cinq jours en Centrafrique. « Des atrocités sont commises de façon continue », a-t-il expliqué, soulignant que « les communautés ont peur. Les gens ont peur des autres communautés ».
« Ce n'est pas un conflit interreligieux pour l'instant, mais cela pourrait le devenir. Nous devons créer les conditions pour que la peur disparaisse », a-t-il poursuivi. « Les conséquences vont être dramatiques si nous n'agissons pas immédiatement », a-t-il ajouté, dénonçant l'« effondrement » complet du pays.

M. Ging a exhorté la communauté internationale à apporter une aide financière majeure pour fournir une assistance humanitaire en RCA. Sur les 247 millions de dollars demandés en décembre, l'ONU n'en a reçu que 6 %, soit 15,5 millions de dollars, a-t-il déploré. Sur le plan militaire, le responsable onusien a souligné que « les troupes mobilisés fai[saien]t du bon travail », mais il a appelé les pays à « élargir » cette action.

SENTIMENT DE HAINE SOUS-ESTIMÉ
« En Centrafrique, je pense que nous avons peut-être sous-estimé la haine et le ressentiment entre communautés », a admis Gérard Araud, l'ambassadeur français aux Nations unies. Gérard Araud, qui s'exprimait dans le cadre d'une conférence sur les moyens d'empêcher les génocides organisée à l'occasion du 20e anniversaire du drame rwandais. « Il s'agit d'une situation presque impossible pour les soldats africains et français. Nous devons réfléchir dans des termes très pratiques à la façon d'être efficace pour empêcher les gens de s'entre-tuer quand ils veulent désespérément le faire. » « Nous savions qu'il y avait des violences interreligieuses, mais nous n'imaginions pas une haine aussi profondément ancrée. »

Les civils musulmans continuent à fuir vers le Tchad. Le 16 janvier, des dizaines d'entre eux s'entassaient dans des camions partant vers le nord et escortés par les soldats tchadiens de la Misca.

REGAIN DE VIOLENCE À BANGUI
Au moins sept personnes ont été tuées dans la nuit de mercredi à jeudi dans plusieurs incidents survenus dans un quartier du nord de Bangui. Trois cadavres, dont un jeune d'une quinzaine d'années, tué par balle, étaient entreposés à la mosquée du quartier Bégoua 3, à la sortie nord de Bangui. De son côté, la Croix-rouge centrafricaine a indiqué avoir ramassé dans la matinée les cadavres de 4 hommes tués à l'arme blanche.
Des habitants du quartier ont accusé les militaires français de l'opération Sangaris d'avoir tiré sur les trois hommes lors d'une opération de fouille. Contactée, l'armée a confirmé un accrochage mais démenti tout lien avec les morts.
Les quatre cadavres ramassés par la Croix-rouge centrafricaine étaient des chrétiens, dont trois passagers d'un taxi-brousse, tués à l'arme blanche. Plusieurs habitants chrétiens ont affirmé avoir été attaqués par des « Séléka », les combattants musulmans.
Selon divers témoignages, les incidents ont commencé en fin d'après-midi mercredi. « Nous avons entendu des coups de feu dans le quartier vers 18-19 heures», a expliqué un militaire centrafricain à la barrière du PK12 marquant la sortie nord de la ville, où sont postés des éléments centrafricains et de l'opération française Sangaris. « Des éléments français sont allés voir et après leur retour il y a eu du grabuge. Des centaines de chrétiens sont venus se réfugier de notre côté », et ont passé la nuit ici, a-t-il dit.
De leur côté, les civils musulmans continuaient à fuir vers le Tchad. Jeudi matin, des dizaines d'entre eux s'entassaient dans des camions partant vers le nord et escortés par les soldats tchadiens de la Misca.

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