Berlinale : l'Ours d'or au Chinois Diao Yinan, Alain Resnais récompensé
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Il y avait trois films chinois en compétition pour cette 64e Berlinale, autant que de films allemands. Samedi 15 février, le jury présidé par le producteur et scénariste américain James Schamus a attribué l'Ours d'or à l'un deux, Black Coal, Thin Ice (« Charbon noir, glace fragile ») de Diao Yinan, un film policier filmé dans un paysage urbain hivernal. L'interprète principal du film, Liao Fan, qui joue un policier à la dérive, a reçu l'Ours d'argent du meilleur acteur.
Un autre film chinois a été distingué, Blind Massage, de Lou Ye, par le prix de la contribution artistique, qui est allé au directeur de la photographie Zeng Jian.
Le prix du jury est allé à The Grand Budapest Hotel, de Wes Anderson (Etats-Unis). Un autre Américain, Richard Linklater, a été distingué par l'Ours d'argent (tous les prix de la Berlinale, mis à part la récompense suprême, sont des Ours d'argent) du meilleur réalisateur pour Boyhood pendant qu'Alain Resnais recevait l'Ours d'argent Alfred Bauer, équivalent du Grand Prix cannois, pour Aimer, boire et chanter. Le film allemand Kreuzweg (« Chemin de croix »), de Dietrich Bruggemann, a été distingué pour son scénario pendant que l'actrice japonaise Haru Karoki recevait le prix d'interprétation féminine pour son rôle dans La Petite Maison, de Yoji Yamada.
Le jury du festival a abattu un travail considérable en mettant un peu d'ordre dans une sélection hétéroclite, distinguant la plupart des films qui ont retenu l'attention, à l'exception, sans doute, de La Tercera Orilla (« La Troisième rive »), de la jeune Argentine Celina Murga. Pour une fois, la totalité des films primés ont déjà trouvé un distributeur en France et les spectateurs pourront se faire une idée de la validité de ces choix.
En attribuant l'Ours d'or à Black Coal, Thin Ice, le président Schamus, qui est un homme de grande culture, a peut-être pensé aux grands classiques du film noir américain adaptés des romans de James M. Cain. Ces correspondances entre le cinéma chinois contemporain et l'âge d'or de Hollywood étaient aussi évidentes dans un autre des longs-métrages présentés en compétition, No Man's Land, de Ning Hao, un western contemporain qui voit s'affronter des êtres cupides dans le désert.
Les films chinois présentés en compétition avaient tous passé l'épreuve de la censure, avec plus ou moins de réussite, un peu comme les classiques de Hollywood à l'époque du code Hays. C'est l'un des paradoxes de cette Berlinale que d'avoir mis en avant des œuvres visiblement contraintes par des règles politiques et morales (particulièrement No Man's Land) face à des films réalisés dans des pays où la difficulté première est de réunir les moyens suffisants.
Deuxième marché cinématographique au monde depuis cette année, la Chine était également présente à la Berlinale parmi les sponsors principaux du festival, via une marque de joaillerie qui s'est fait une place aux côtés d'un grand constructeur automobile et d'une multinationale cosmétique.
PRIX MINEUR POUR LE FORT CONTINGENT ALLEMAND
Le reste du palmarès a fait la part belle aux Américains. Les deux films primés, The Grand Budapest Hotel et Boyhood sont des productions indépendantes, dont la seconde a été présentée au festival de Sundance avant d'arriver à Berlin.
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Le fort contingent allemand repart avec un prix mineur. Kreuzweg, situé dans les milieux catholiques intégristes, avait fait forte impression. Mais les deux autres longs-métrages, Die Geliebten Schwestern
(« Les sœurs bien aimées »), de Dominik Graf, peinture ambitieuse du
triangle amoureux formé par le poète Schiller et deux sœurs issues de la
petite noblesse, et Zwischen Welte (« Entre deux mondes »), de Feo Adalag, qui évoque la présence de la Bundeswehr en Afghanistan, n'ont pas convaincu, malgré les qualités indéniables du premier.Quant à Alain Resnais, qui n'avait pas fait le voyage de Berlin, il s'est déjà mis au travail sur son prochain film.
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Thomas Sotinel
Journaliste au Monde
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